« La médiation par les pairs ? Pas question ! C’est aux adultes de prendre leurs responsabilités, ce n’est pas aux jeunes de faire le travail des surveillants. »
L’idée qu’un jeune puisse être médiateur pour ses camarades commence à faire son chemin. Mais interrogations et objections restent nombreuses. La prise de responsabilité des pairs peut inquiéter. C’est l’occasion de montrer son intérêt et ses limites.
Un inquiétude manifestée par certains éducateurs est que les jeunes médiateurs se méprennent sur le sens de leur mission, jouant dans la cour les « Zorros » se transformant au mieux en arbitres et au pire en juges de leurs camarades.
Pour notre part, après quinze années d’expérience en divers lieux, nous ne nous sommes jamais heurtés à cet écueil. Les jeunes sont là pour rendre service et pour aider les autres. Ils en ont conscience lorsqu’ils signent la Charte du Médiateur :
Avant toute mise en pratique, il est indispensable de définir clairement ce qui est du domaine de la médiation entre pairs et ce qui ne l’est pas…
Un atelier est consacré à cette question dans la formation des jeunes. Une dizaine de situations sont décrites avec suffisamment de précisions pour que les jeunes soient capables de dire : oui, cela est de notre ressort, là, non, allez plutôt en parler à votre professeur principal ou l’infirmière ou le CPE ou l’assistante sociale…
La crainte que les jeunes médiateurs n’exercent un rôle qui les dépasse et assurent des responsabilités qui ne sont pas de leur âge est souvent exprimée.
A cette objection on pourra répondre de diverses façons, venir discuter avec les médiateurs et constater que ce sont bien des jeunes comme les autres ; réfléchir à ce qu’il peut il y avoir de rassurant pour un écolier ou un collégien dans le fait de pouvoir intervenir sur son environnement et de ne plus être ballotté par les événements et son entourage. Enfin, il convient de savoir que plusieurs soutiens sont là : la présence des éducateurs sur la cour, une trace écrite (le cahier de bord) et des rencontres régulières de supervision avec des adultes.
Accompagner les jeunes est indispensable et on sera d’autant plus attentif que leur responsabilité sera grande.
Une difficulté rencontrée par les médiateurs lors du lancement de la médiation est celle d’une incompréhension généralisée quant à leur rôle, provoquant moqueries ou insultes.
On sait que les jeunes ne sont pas tendres entre eux et que celui qui se distingue des autres est facilement la cible de ses camarades. Cet obstacle peut être prévenu en soignant particulièrement l’information et en choisissant parmi les premières équipes volontaires sur la cour, des pionniers au caractère bien affirmé.