Nos enfants touchés par la violence : GM cherche à comprendre et à apporter des réponses

Les drames touchant des mineurs victimes d’armes blanches ou autres défrayent de plus en plus souvent l’actualité. Chaque nouvelle tragédie provoque un choc, une indignation collective, et bien souvent une réponse immédiate : renforcer la sécurité. Portiques à l’entrée des établissements scolaires, fouilles, interdiction de port ou de vente d’armes blanches aux mineurs Mais est-ce suffisant ? Peut-on réellement combattre cette violence uniquement par la contrainte ?

Nous avons glané dans des écrits et interviews d’experts : psychiatre, médecin, avocat, enseignant , des réponses, des propositions.

La réponse ne peut pas être uniquement sécuritaire

Certes, la sécurité est nécessaire, mais elle arrive trop tard : elle intervient après que l’acte a été commis. Dans le récent drame de Nogent des fouilles ont eu lieu sans pour autant empêcher le drame. Ce constat montre que la prévention doit devenir la priorité, si l’on veut réduire durablement ces actes de violence.

Mieux comprendre pour mieux prévenir : des solutions éducatives, sociales et psychologiques

Plusieurs leviers alternatifs qui engagent la société dans son ensemble sont à prendre en compte :

  • L’éducation à l’empathie et à la vie relationnelle est un levier majeur

De nombreux experts appellent à repenser l’éducation, notamment en y intégrant des cours d’empathie, d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (programme EVARS). Les jeunes auteurs de violences semblent souvent incapables de mesurer la portée de leurs actes. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas appris à gérer leurs émotions autrement que par la force.
À travers ces programmes, on peut déconstruire les imaginaires virilistes valorisant la domination et la brutalité, souvent amplifiés par les réseaux sociaux. Apprendre à gérer ses émotions, à reconnaître celles des autres, à s’exprimer autrement que par la violence, est une priorité éducative.

  • La santé mentale des jeunes est négligée et pourtant cruciale

Aujourd’hui, les établissements scolaires manquent cruellement de professionnels de santé mentale. Or, nombre de jeunes en souffrance psychologique passent sous les radars, jusqu’au passage à l’acte. Il est donc urgent de créer une alliance entre les établissements scolaires et les professionnels de santé, pour détecter, écouter, accompagner.

  • L’isolement social alimente la violence – il faut recréer du lien

Les jeunes d’aujourd’hui sont souvent seuls face à leur mal-être. Ils manquent de repères, de lieux de vie collective (clubs, associations scolaires, espaces de discussion ….) Recréer du collectif, du lien social, renforcer la présence des AED (assistants d’éducation),valoriser l’écoute et le dialogue, c’est agir à la racine du problème.

  • Le numérique façonne un imaginaire dangereux s’il n’est pas encadré

Les réseaux sociaux jouent un rôle inquiétant dans l’habituation à la violence, la propagation de contenus masculinistes, et la perte du rapport à la réalité. Interdire purement et simplement ces plateformes est illusoire. En revanche, il est possible — et nécessaire — de mettre en place une éducation au numérique, de filtrer les contenus violents, et de proposer des alternatives saines aux jeunes.

  • Impliquer les parents et renforcer leur rôle éducatif


Les familles sont souvent démunies face à la violence, à l’omniprésence des écrans, ou à des jeunes repliés sur eux-mêmes. Un soutien à la parentalité permettrait de créer un pont entre l’école, la maison et les structures de soin. Les parents doivent être outillés pour comprendre, prévenir et dialoguer.

  • Responsabiliser les discours politiques et médiatiques

On peut s’interroger sur l’impact des discours politiques violents (parlant de « décivilisation », « d’ensauvagement », etc.) sur les jeunes. Ces mots lourds peuvent contribuer à une vision du monde manichéenne et agressive. L’exemplarité du langage public et la responsabilité médiatique deviennent ici aussi des outils de prévention.

Une société se construit par ce qu’elle transmet, pas seulement par ce qu’elle interdit

Face à ces violences, la tentation du tout-sécuritaire est forte‘’ La violence n’est pas excusable, il faut punir”

Punir, oui. Mais punir ne résout pas tout. Une société ne peut pas se contenter de condamner les actes sans comprendre ce qui les rend possibles. La réponse pénale doit être accompagnée d’une réflexion collective sur l’éducation, la santé mentale, la cohésion sociale et la parentalité.

Cela exige du temps, des moyens, et une volonté politique. Mais c’est le seul chemin pour prévenir plutôt que réparer.

Les programmes proposés par Génération Médiateurs depuis plusieurs décennies vont dans ce sens.